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Joséphine de Beauharnais, future Impératrice, naquit le 23 juin
1763 dans l’ancien domaine de la famille Tascher (prononcé “taché” à
la Martinique) de la Pagerie.
Aujourd’hui, au sein d’un jardin
fleuri, un petit musée relate l’enfance de la jolie créole
: selon la légende,
alors qu’elle était adolescente, une vieille femme noire lui aurait
prédit de grandes destinées, après avoir lu dans les lignes
de sa main. Près du parking, le long d’une rivière ombragée,
s’élèvent les murs de pierre de la sucrerie avec ses cuves.
A la Martinique, le souvenir de Joséphine reste partagée entre
la fierté d'avoir donné à la France une grande figure
féminine et la honte "d'avoir accouché" d'une femme
que la rumeur disait de mœurs dépravées. On dit lui reprocher
surtout l'influence qu'elle aurait eut sur Napoléon au
moment de rétablir
l'esclavage: elle lui aurait rappelé la prospérité des colonies
sous l'Ancien Régime servile, défendant ainsi les intérêts
de sa propre famille. En 1802 fut abrogée l’abolition de 1793
aux Antilles françaises et de sanglantes répressions s’ensuivirent à Saint-Domingue
et à la Guadeloupe.
Certains habitants de la Martinique n’oublièrent pas : la statue en
marbre de Joséphine érigée sur la Place de la Savane à Fort-de-France
a été de nombreuses fois décapitée façon
guillotine et maculée de peinture rouge sang sur sa poitrine.
Souvent restaurée, la mairie a depuis longtemps capitulé devant
les multiples récidives et laissé en l'état l’image
de l'Impératrice
peu aimée par cette partie des habitants. Il est question de la déplacer et de la mettre au domaine de La Pagerie.
Le sujet, douloureux, soulève encore de nombreuses réactions. Max Gallo,
par exemple, mais aussi d'autres personnalités et historiens ont été accusés
de traiter le sujet à la légère. L'esclavage est un crime contre l'humanité
et
il doit
être
condamné.
Néanmoins, il nous faut rétablir quelques faits historiques : l'esclavagisme n'a jamais été aboli à la Martinique. Joséphine aurait donc eu peu d'intérêt à le faire rétablir. D'autre part, et il peut être intéressant de le noter, pour Napoléon, les femmes n'avaient aucun droit de parole sur tout ce qui touchait la politique, Joséphine n'avait donc aucune emprise sur lui. Lors de l'assassinat du Duc d'Enghien, l'Impératrice avait tenté de s'y opposer, maintes fois, sans succès, car les femmes "n'ont pas à se mêler de politique".
Ce sont donc des intérêts et des considérations purement monétaires qui ont entraîné ce passage peu glorieux de l'histoire de France. L'abolition
définitive de l'esclavage dans les colonies françaises se fit en 1848, année
de l'arrivée de Louisy Mathieu, ancien esclave, au poste de député de
la Guadeloupe (il a été le premier député noir).
Voir aussi à ce sujet le livre de Pierre Branda et Thierry Lentz "Napoléon, l'esclavage et les colonies"
"Alors que l'année 2006 voit la première célébration de la journée dédiée au souvenir de la traite des Noirs et de l'esclavage (le 10 mai), paraît cette étude approfondie des historiens Pierre Branda et Thierry Lentz, sur la politique coloniale de Napoléon et notamment la décision du Premier Consul de rétablir l'esclavage en 1802.
S'appuyant sur une très large documentation, les auteurs reprennent pièce par pièce ce difficile dossier."
Plus d'infos sur le livre
Par A.L. [Retour sommaire] [Haut de la page]
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